mercredi 31 octobre 2012

Le Cinquième enfant

Tata pour la 5e fois... Ma belle-soeur vient d'accoucher du 5e. On a un an d'écart, j'ai 32 ans, elle 31. Dois-je ajouter, pour que vous saisissiez bien toute l'ironie de la situation que celui-ci, elle l'a eu alors qu'elle était sous contraceptif? Elle ne devait pas retomber enceinte trop vite pour se remettre d'abord des quatre premiers accouchements... 

Sous CONTRACEPTIF! Non mais je vous jure, et pendant ce temps-là, je passais de médecin en infirmière et de biologiste en généticien en me bourrant de comprimés censés m'aider à avoir un bébé. PFFF, me faire doubler par une fille qui prend la pilule... 
Y'a une leçon là derrière? Quelque chose de positif que je suis censée apprendre? Genre "c'est pas toi qui décide, quand ce sera le moment, ça viendra" ou alors "tu vois, le destin c'est le destin et on ne peut pas aller contre"? 





Maintenant il faut que je prenne des nouvelles et que j'envoie un cadeau (on habite loin, putain quel bol). J'ai pensé au génial livre de Doris Lessing: Le Cinquième enfant qui tomberait vraiment à pic. Ca ferait un super cadeau méchant et comme aujourd'hui je me sens vraiment une vraie salope... Jugez par vous même de la pertinence: 

"Pour Harriet et David, couple modèle, qui a fondé une famille heureuse, l'arrivée du cinquième enfant inaugure le temps des épreuves. Fruit d'une grossesse difficile, anormalement grand, vorace et agressif, Ben suscite bientôt le rejet des autres enfants, tandis que les parents plongent dans la spirale de l'impuissance et de la culpabilité. La romancière du Carnet d'or, prix Médicis étranger 1976, mêle ici de façon impressionnante réalisme et fantastique, dans et fantastique, dans une fable cruelle qui met à nu l'envers et le non-dit des relations familiales". 

Vous savez quoi? Je suis jalouse à mort et je fais la gueule depuis des mois. Alors même qu'elle se savait enceinte, elle m'a assuré que non. Résultat tous les trucs qui me paraissaient louches (pas de vin à table, gros ventre, etc) ne m'ont alors plus fait penser à une grossesse, seulement que j'étais en train de perdre la boule et que je devenais une pauvre stérile qui voyait des fertiles partout. 

Le temps a passé depuis. Maintenant je ne me crois pas cinglée, je suis cinglée. Je pense FIV toute la journée, et la nuit j'en rêve. Tellement obsédée que je ne peux pas me réjouir poliment du bonheur des autres... Heureusement, à en croire quelques blogs, le femme enceinte bashing fait un peu partie du processus. Je râle un bon coup ici et quand on en parlera en famille, je ferai un beau sourire impressionné: "quand même! quelle surprise! un cinquième si vite! quel courage!"                                                               

mardi 30 octobre 2012

Merci Papa!

De retour d'Espagne, j'explique à mon père ce qui m'a convaincue de tenter la FIVDO. 

J'avoue que j'ai bien sûr encore plein de questions mais que bon, si j'attends d'avoir trouvé toutes les réponses, je vais me retrouver à son âge à me dire: "eh ben voilà, il y a trente ans j'aurais pu avoir un enfant et je suis passée à côté". Alors bien sûr, lui dis-je, je risque bien de me faire envoyer chier par mon ado qui me reprochera la façon dont je l'ai conçu... 

Et mon père: 
"Eh ben si ton ado t'envoie chier, c'est déjà qu'il sera en bonne santé!"

Pas faux. 

1er rendez-vous à la clinique

Bilan du premier rendez-vous: ça ira vite normalement
Pour la première fois depuis un bon moment, un médecin m'a annoncé de bonnes nouvelles. OK, je suis toujours ménopausée, mais pour le don, ça devrait pouvoir se faire plutôt rapidement. 

Je commence jeudi par une injection, les patches suivront. Je serai ensuite contactée quand ils auront une donneuse qui correspond et comme "madame, des petites brunes aux yeux bruns, ici on en a plein"! Alors là, grand bonheur d'être regardée comme une femme absolument, délicieusement, heureusement banale (en Espagne du moins!). 
Pour le coup, je me sentais presque normale et ça faisait un bout de temps... 

J'ai trouvé la clinique... bien organisée. Le système est bien rôdé, tout se passe sans accroc. C'est un peu formel quand même. Un peu comme chez Nespresso quand la vendeuse est très gentille, mais qu'on sent que toutes les phrases qui sortent de sa bouche ont été pensées par des communicants et apprises par coeur par des hordes d'employées appliquées. J'ai eu l'impression qu'il y avait tout un protocole bien huilé. Quand le médecin dit: "est-ce que vous avez des questions?" c'est qu'il est prévu, à ce moment-là, dans leur protocole, qu'elle le demande. Mais bon, ça ne m'a pas trop dérangée parce que je voulais surtout aller de l'avant. Et là, on n'a pas été déçus! 

Si j'ai bien compté, je suis convocable pour le transfert à partir du 20 novembre... mais j'ai l'impression d'après ce que je lis chez les autres que l'attente sera plus longue. Enfin, on n'est plus à quelques semaines près! Disons que si nous arrivons à y retourner avant la fin de l'année se serait vraiment bien. 

Sinon on a bien profité de la ville et je crois que ça fait partie des choses qui m'ont aidée à passer cette nouvelle étape. Par contre, je dois dire que dans la rue je dévisageais toutes les filles: est-ce qu'ils choisiront une fille un peu comme ça? est-ce qu'elle me ressemble? ah, elle serait bien elle!, etc. Comme tout le monde me pensait espagnole, je me suis dit qu'en effet, des comme moi, ils en ont plein et certainement aussi parmi les donneuses! 

Je me sens beaucoup mieux. J'ai fais un pas de plus. Pour dire la vérité, je crois que quand je suis arrivée là-bas, une partie de moi espérait secrètement que le médecin regarde mon dossier, me dise: "mais, vous n'êtes pas ménopausée ma petite dame, on va faire une bonne vieille FIV!". Eh non, je suis ménopausée, je vais faire une FIVDO. C'est confirmé, ça fait trois médecins qui le disent. Une porte s'est vraiment fermée mais comme une autre s'est ouverte en grand, en plus grand que prévu même (je ne pensais pas commencer le traitement cette semaine), je peux continuer. 

J'ai même réussi hier à manger avec mes collègues jeunes mamans ou enceintes et participer tranquillement à la discussion! Ouah! Je respire. 

jeudi 25 octobre 2012

Espagne, J-1

L'Espagne, c'est demain! 

Alors, pour les préparatifs "normaux", je crois que c'est bon, à part une putain de feuille que je ne retrouve plus. Est-ce un acte manqué? C'est la première analyse, celle qui a tout déclenché, celle à partir de laquelle on m'a immédiatement dit que j'étais ménopausée (pas en insuffisance ovarienne précoce, ménopausée). Bon, OK, ensuite le médecin m'a dit en m'enfilant son gros machin (comment ça s'appelle le truc pour les écho?) que j'avais un très bel utérus, mais quand même, sur le moment, le compliment m'est un peu passé au-dessus et j'ai dit: "ça me fait une belle jambe". Alors le gynéco a dit que quand j'irai en Espagne, je serai bien contente d'avoir un bel utérus. Soit. Ben l'Espagne, au risque de me répéter, c'est demain, et mon bel utérus et moi-même sommes à la fête et un peu flippés aussi, enfin moi, parce que je ne sais pas si les utérus flippent. 

Revenons à nos préparatifs: les préparatifs "normaux" c'est fait. Et les autres aussi. 
C'est quoi les autres? Des trucs de débile genre: 
- m'acheter de nouveaux habits pour pas avoir trop l'air d'une pouilleuse et cacher un peu les kilos pris avec le traitement 
- m'épiler les sourcils 
- faire une petite séance photo pour donner à la clinique 

Ces derniers temps, j'ai stressé un peu concernant la donneuse et je vais passer là pour une superficielle de première mais voilà un peu le raisonnement: si j'arrive là-bas en jeans effiloché trop petit, des bourrelets de sharpeï qui sortent de partout, les sourcils en bataille... vous imaginez la donneuse qu'ils me sélectionneront?! 

Je sais c'est absolument ridicule. Ils veulent juste voir la couleur de mes yeux (mais verront-ils qu'ils sont "noisette"?), de mes cheveux (mais verront-ils que sous la teinture je suis un peu plus claire?) et de ma peau (mais comprendront-ils que les vacances c'était il y a longtemps et que sur la photo j'ai ma sale gueule automnale alors qu'en été j'ai une mine de méditerranéenne épanouie élevée à l'huile d'olive et la tomate bien mûre?).

Ca peut paraître vraiment ridicule de se préoccuper de ce genre de détails insignifiants, mais voilà, ce sont mes petites angoisses du moment. Je sais bien qu'ils vont sélectionner quelqu'un qui est en bonne santé, et que c'est l'essentiel, mais j'ai un petit peu peur quand même. 

Quelque part, je me fous que mon enfant me ressemble. Alors j'ai de la peine à expliquer pourquoi je flippe autant du regard des gens de la clinique sur moi. J'ai l'impression de passer l'examen de ma vie. C'est un peu comme pour un entretien d'embauche: on pense bien qu'on ne va pas être choisie pour son physique (du moins, en ce qui me concerne, je ne suis pas assez spectaculairement belle pour envisager ce critère comme essentiel), mais on aimerait quand même se montrer sous son meilleur jour et on fait ce jour-là quelques efforts de présentation. 

Peut-être que je réfléchis à des choses aussi inopérantes parce que ça m'occupe les neurones, et pendant ce temps-là je ne pense pas à d'autres inquiétudes beaucoup plus profondes: est-ce que ça va marcher? est-ce qu'ils m'annonceront d'autres mauvaises nouvelles? est-ce qu'ils me feront poireauter des mois? est-ce que je suis incapable de garder un bébé dans mon bel utérus? 




mercredi 24 octobre 2012

Espagne, J-2

Nous partons demain soir pour l'Espagne. Le rendez-vous à la clinique est prévu pour vendredi. A l'approche de ce rendez-vous les questions, déjà nombreuses, se multiplient. 

Il y a les questions pratiques (ai-je tous les documents nécessaires? vais-je trouver facilement la clinique? pourrai-je compléter le dossier depuis la Suisse? dans combien de temps pourrai-je commencer le traitement? quand retournerai-je en Espagne pour la fécondation?...) qui trouveront des réponses rapidement (vendredi ou dans les semaines à venir). 

Il y a les questions éthiques, qui n'auront leurs réponses que bien plus tard, certaines dans des décennies (est-ce que notre enfant acceptera notre choix? sera-t-il heureux? considérera-t-il que je suis bel et bien sa mère? sera-t-il opposé à l'anonymat? comprendra-t-il notre décision? parviendra-t-il à se construire une identité solide, à avancer sereinement dans l'existence...). Ces questions-là, elles sont des dizaines, des centaines peut-être. 

En les écrivant je réalise que certaines d'entre elles sont communes à tous les futurs parents (puis-je déjà nous associer aux "futurs parents"?). Chacun se demande si son enfant sera heureux. Toute future mère s'interroge sur ses capacités à donner la vie et à élever un enfant. C'est normal. Dans notre cas, c'est bien plus compliqué. Déjà, on a beaucoup plus de temps pour penser et repenser à cette décision que la plupart des gens, on attend bien sûr depuis plus de 9 mois. D'autre part, on doit répondre à des questions qui normalement ne se posent pas (combien d'embryons implanterons-nous?). Et il y a le problème du don. Comment le dire? A qui le dire? Faisons-nous passer notre désir d'enfant avant les besoins de cet enfant potentiel? 

Je ne peux pas savoir encore comment mon enfant - si j'en ai un - prendra la chose. Il est possible qu'il vive bien sa situation, il est possible qu'il la vive mal. Mais est-ce que je ne dois pas courir ce risque? Choisir d'avoir cet enfant (ou du moins essayer de l'avoir), n'est-ce pas le choix de la vie, le choix qui consiste à aller de l'avant, à poursuivre une vie la plus normale possible? Est-ce que les autres parents, avant d'avoir un enfant, ont la certitude qu'ils offriront le meilleur à leur enfant? Savent-ils qu'ils le rendront heureux et lui donneront les armes pour affronter l'existence la tête haute et le coeur au chaud? 

J'essaie de me convaincre, et parfois j'y parviens, que je ne suis pas une mère (je m'y vois déjà! disons une fille) si différente des autres: je ne suis pas parfaite (eh non, déjà: je suis stérile), le monde dans lequel je vis ne l'est pas non plus, mais je vais essayer de croire en la vie et en ses possibilités. De l'amour que mon mari et moi éprouvons l'un pour l'autre naîtra peut-être un enfant, et nous nous efforcerons de le rendre le plus heureux possible, le plus solide possible. Nous essaierons d'être à la hauteur. Pour l'instant, pour moi, être à la hauteur, donner sa chance à la vie, c'est aller en Espagne demain soir. 


vendredi 19 octobre 2012

14 mythes et réalités sur l'infertilité

Non mais vraiment, j'adore cette page. Je dois vous dire que quand j'allais au plus mal, ces 14 paragraphes m'ont fait trop de bien. 
Alors je vous les transmets, avec mes commentaires, parce que je suis bavarde et qu'aujourd'hui j'ai fait tout mon possible pour pas parler PMA alors je me lâche: 

Mythe 1:
L'infertilité est un problème de femme.
Réalité 1
Faux. La plupart des gens sont surpris d'apprendre que l'infertilité est un problème féminin dans 35% des cas, un problème masculin dans 35% des cas, un problème de couple dans 20% des cas et un problème d'origine inconnue dans 10% des cas. Il est essentiel qu'autant l'homme que la femme soient évalués durant le traitement.
J'avoue, chez nous c'est moi la grande fautive. Mon mari a été un petit chou et n'a pas traîné avant d'aller faire son spermogramme, on lui a trouvé un sperme de compétition, qui explique peut-etre pourquoi dans sa famille les enfants vont par quatre. 


Mythe 2:
Tout le monde semble devenir enceinte en criant ciseau.
Réalité 2:
Aux États-Unis, plus de cinq millions de personnes en âge d'avoir des enfants sont aux prises avec l'infertilité. Vous n'êtes donc pas seuls. Joignez-vous à un groupe de soutien et parlez à d'autres personnes luttant pour fonder une famille afin de briser l'isolement.
Bon, je ne suis pas très "groupe de soutien" et je trouve l'idée assez anglo-saxone, mais quand même, plus de 5 millions! ça change pas ma vie, ben non, mais ça me rassure quand même: je ne suis pas un freak total. Alors la faute à l'aspartame, aux téléphones portables? Je sais pas, faute à pas de chance je dirais. Même si ça change rien, moi j'avoue, ça me rassure de pas être la seule. J'avoue aussi que oui, j'ai bien l'impression que c'est vachement facile, pour les autres, celles avec qui je bosse, celles avec qui je vis, je parle, de tomber enceinte. Elles sont où les milliers d'autres filles dans la merde? j'en veux plus autour de moi! Alors, groupe de soutien quand même? Blog? 
Pixel
Mythe 3:
C'est dans votre tête! Pourquoi ne pas relaxer, prendre des vacances. Alors, vous deviendrez enceinte!
Réalité 3:
L'infertilité est une maladie du système reproductif. Bien que la relaxation puisse améliorer votre qualité de vie, le stress et les émotions profondes que vous ressentez sont le résultat de l'infertilité, et non pas sa cause. L'amélioration des techniques médicales a rendu plus facile le diagnostic des problèmes d'infertilité.
Est-ce que je dois revenir sur le lâcher-prise ou vaut-il mieux que je "pense à autre chose"? Entre ces deux solutions de merde, mon coeur balance. 
Pixel
Mythe 4:
Ne vous inquiétez pas autant - - il faut seulement du temps. Vous deviendrez enceinte si vous êtes patiente.
Réalité 4:
L'infertilité est un problème médical qui peut être traité. Au moins 50% de ceux qui complètent une évaluation pour infertilité répondront positivement au traitement. Le taux de succès varie selon les problèmes d'infertilité. Ceux qui ne cherchent pas d'aide ont un taux de «guérison spontanée» d'environ 5% après un an d'infertilité.
Je ne vais pas miser sur les 5% de guérison spontanée. Je préfère le 60% de réussite annoncé pour la FIV. J'ai toujours été nulle en calcul, mais là, je crois miser sur le bon cheval. 
Pixel
Mythe 5:
Si vous adoptez un bébé, vous deviendrez enceinte!
Réalité 5:
Voilà le plus pénible des mythes que les couples peuvent entendre. Premièrement, il suggère que l'adoption est seulement un moyen pour atteindre un but et non le résultat heureux d'un processus réussi. Deuxièmement, cela n'est simplement pas vrai. Les études montrent que le taux de grossesse après l'adoption est le même que celui de ceux qui n'adoptent pas.
Alors là c'est vraiment le mythe pourri: vous imaginez la miss qui adopte en espérant tomber enceinte après?! Merci pour l'enfant! On me raconte une fois tous les quinze jours l'histoire de la femme qui a adopté et qui est tombée enceinte après, j'en ai marre. Même pas envie d'expliquer davantage, j'imagine ne pas être la seule qui voit pourquoi. 
Pixel

Mythe 6:
Pourquoi ne pas oublier cela et adopter? Après tout, il y a tellement d'enfants qui ont besoin d'un foyer!
Réalité 6:
Pour plusieurs, l'adoption est une solution heureuse à l'infertilité. Toutefois, la plupart des gens explorent le traitement médical de l'infertilité avant de considérer l'adoption. De plus, les options traditionnelles d'adoption ont changé et l'adoption peut s'avérer plus coûteuse et exigeante que prévu. L'adoption est une avenue valable mais pas nécessairement pour tout le monde.
Oui, je n'ai rien contre mais seulement: 
1) je suis trop jeune pour l'adoption (moins de 35 ans) 
2) je ne vois pas en quoi le projet d'adoption doit absolument remplacer ou concurrencer le projet de grossesse
Pixel

Mythe 7:
Peut-être que vous faites quelque chose de «pas correct»!

Réalité 7:
L'infertilité est une condition médicale et non un désordre sexuel. 
PixelSpéciale dédicace au collègue qui m'a élégamment proposé de me montrer comment on fait les bébés. 

Mythe 8:
Mon partenaire va peut-être me laisser à cause de notre infertilité.

Réalité 8:
La majorité des couples survivent à la crise de l'infertilité, apprenant du même coup de nouvelles façons d'inter réagir, ce qui approfondit leur relation pour les années à venir.
Oui, au début j'ai flippé. D'ailleurs quand j'ai appris que j'étais stérile, j'ai appelé mon mari du fond de mon gouffre (mon portable captait, je ne sais comment) et je lui ai dit qu'il devait changer de femme. 

Mythe 9:
Peut-être est-ce la façon du «bon Dieu» de nous dire que nous ne sommes pas faits pour être parents!
Réalité 9:
Cela est particulièrement difficile à entendre lorsqu'on est aux prises avec l'infertilité. Vous savez quels bons parents vous seriez et il est pénible d'expliquer aux autres que vous avez un problème médical.
Alors là, oui, j'y ai pensé parce qu'on est assez pratiquants. Et moi j'étais assez profondément croyante. J'ai un peu perdu confiance et je ne sais pas si ça reviendra. En tous les cas maintenant que je vois tous ces tarés gens qui ont des enfants et nous non, je me dis que si le "bon Dieu" existe, il est trop bon mais aussi trop con. Enfin, bon, tout le monde fait des erreurs.   Pixel

Mythe 10:
L'infertilité est le moyen que la nature a de contrôler la population.
Réalité 10:
La croissance zéro de la population est un objectif poursuivi en ces temps de surpopulation mondiale, mais cela permet tout de même aux couples de se «remplacer» avec deux enfants. Les individus et les couples peuvent certainement choisir de vivre sans enfant ou de n'élever qu'un enfant. L'infertilité, pour ceux qui veulent des enfants, leur enlève la possibilité de choisir.
Pixel
Mythe 11:
Je ne dois pas arrêter le traitement pour quelque raison que ce soit. Je sais que le mois prochain sera le bon!
Réalité 11:
Il est important de réévaluer périodiquement votre traitement et vos objectifs parentaux. La continuité dans le traitement est importante, mais parfois une pause peut fournir le repos requis pour entreprendre les étapes suivantes.
Pixel
Mythe 12:
On m'appellera «fauteur de troubles» si je pose trop de questions.
Réalité 12:
L'équipe médecin/patient est importante. Vous devez être informés des traitements disponibles. Ce qui est bon pour un couple ne l'est peut-être pas pour un autre, financièrement ou émotivement. N'ayez pas peur de poser des questions à votre médecin. Une deuxième opinion peut être utile. Si requis, discutez de cette possibilité avec votre médecin.
Mon médecin me déteste: c'est sûr! Ou alors il me prend juste pour un cas désespéré depuis qu'il m'a annoncé ma stérilité et que j'ai articulé: "il faut appeler quelqu'un, je ne peux pas partir seule, je vais me faire du mal" ou quelque chose de ce genre. Ensuite j'ai repris du poil de la bête et je suis devenue la chieuse qui pose plein de questions et qui demande de répéter vingt-cinq fois. Mais il articule bien et ça finit par rentrer: "mais puisque je vous dis que vous pouvez aller en Espagne et que vous avez un très bel utérus".   Pixel

Mythe 13:
Je sais que je ne serai jamais capable d'arrêter le traitement avant d'être enceinte.
Réalité 13:
La grossesse n'est pas la seule «route» vers la famille. Vous pouvez peut-être commencer à penser à la condition de parents plutôt qu'à la grossesse. Vous pouvez avoir envie que votre vie revienne à la normale. Vous pouvez penser à vivre sans enfant ou à d'autres façons de former une famille.
Je veux bien penser à une autre façon d'être parents, mais pas à faire sans enfants. No way. Il y a quand même des terrains qu'il ne faut pas abandonner. Je pense que si je renonçais à être mère (de quelque manière que ce soit), je renoncerais à moi-même, mon essence, ce à quoi j'aspire. Je me renierais. Pixel

Mythe 14:
J'ai n'ai plus d'intérêt dans mon travail, mes passe-temps et mes amis à cause de l'infertilité. Personne ne comprends! Ma vie ne sera jamais plus la même!
Réalité 14:
L'infertilité est une crise de la vie -- elle a des effets sur tous les aspects de la vie. Il est normal d'avoir un sentiment d'échec qui affecte l'estime de soi et l'image de soi. Mais vous surmonterez cette crise. C'est un processus qui nous amène à conclure qu'il faudra peut-être abandonner certains rêves. Durant tout ce processus, soyez informés du grand éventail d'options disponibles et entrez en contact avec des gens vivant des expériences similaires.

J'ai cru que ma vie ne serait plus jamais la même, et c'est peut-être quand même un peu vrai. Mais oui, j'ai fini par accepter le plan B et je pense avoir fait le deuil de la transmission génétique. Par contre, le rêve d'être maman, d'être parents, avec mon mari, non, je ne renonce pas. 




mercredi 17 octobre 2012

Et si tu...

Je me suis mariée il y a treize mois. Je ne suis pas enceinte, j'ai remarqué et je me pose des questions mais les autres aussi: t'en veux? t'en veux pas? t'avais pas dit que t'en voulais rapidement?... Ben oui, j'avais dit, mais tu vois, je suis stérile, je te l'avais pas dit?

Ca donne alors lieu à des conseils vraiment intéressants de gens vraiment bien intentionnés. Je vais essayer de me souvenir:

ça commence à peu près comme ça: "et si tu...
- allais chez ma nutritionniste? moi quand ça ne venait pas après le premier, je suis allée la voir, elle m'a dit de moins manger de viande et deux mois après j'étais enceinte.
- faisais de l'acupuncture?
- allais te faire masser?
- allais à Bruxelles, Paris, Marseille, New York, Tel Aviv, Lausanne, Genève, Lyon, Madrid, Barcelone, Kiev, Budapest...?
- appelais ma gynéco/soeur/mère/cousine/copine/voisine/bouchère...?
- renonçais?
- adoptais ?
- pensais à autre chose?
- faisais l'amour (en missionnaire/sur le côté gauche/tous les deux jours/en faisant ensuite le poirier)?"

Et ainsi de suite. Mais, MERCI! Franchement, le coup du missionnaire, je n'y aurais pas pensé toute seule, et mon mari encore moins, tu penses.

Et j'ai un petit faible pour le coup du "n'y penses pas" (ben oui, facile avec les prises de sang, le médecin tout le temps...). Non, vraiment, je crois que ma préférée, c'est celle là, elle et ses petites soeurs (change-toi les idées, détends-toi, lâche prise...). D'autant que je sais exactement que juste après, il y a la cavalerie lourde: tu sais, ma cousine/soeur/voisine/mère/voisine/bouchère, tous les médecins lui avaient dit qu'elle était stérile, eh ben, elle a adopté/fait une FIV et dans l'année qui a suivi, elle était enceinte naturellement!

Là, on cite cette super page:
"Mythe 5:Si vous adoptez un bébé, vous deviendrez enceinte!
Voilà le plus pénible des mythes que les couples peuvent entendre. Premièrement, il suggère que l'adoption est seulement un moyen pour atteindre un but et non le résultat heureux d'un processus réussi. Deuxièmement, cela n'est simplement pas vrai. Les études montrent que le taux de grossesse après l'adoption est le même que celui de ceux qui n'adoptent pas."

Et l'autre, d'acquiescer. "Oui, c'est intéressant.

Mais qui sait, tu sais peut-être que si tu lâches prise..."

Si on est très en forme, on explique qu'on a un problème très concret, qu'il a été identifié, c'est une maladie et qu'on y pense ou pas... Mais c'est seulement si on est vraiment très en forme ce jour-là, parce que je vous le dis moi, rien ne détourneras l'adepte du lâcher prise de son autoroute mentale qui va de "tu es stérile" à "prends un bon bain chaud, oublie le taf, allume des bougies et ton homme par la même occasion".

Si vraiment on y tient, on se repliera sur la vengeance: à la moindre difficulté rencontrée par l'autre, ne pas oublier (en gardant un air sympathique et compatissant) de lui renvoyer sa philosophie dans la figure. Eh oui, ce qui est pratique, c'est que le "et si tu lâchais prise/pensais à autre chose" est refourgable dans n'importe quelle situation. Essayez!

Analyses matinales

Quelle délicieuse mise en train ce matin: rien de tel que de commencer une journée par quelques analyses à jeun avant d'enfourcher son vélo et de traverser la ville à toute vitesse pour arriver à l'heure au travail.

Petit clin d'oeil: l'infirmière qui regarde la liste des analyses à faire:

- Vous êtes à combien de semaines?

... ben, disons, moins huit!

Heureusement, c'était pour la bonne cause.

C'est terminé, ça commence

C'est terminé, j'ai compris: je n'aurai pas d'enfant "naturellement". Après une année de tests, d'espoirs démolis, reconstruits, de colère, de larmes, de peur, d'analyses pourries, d'analyses normales, de bonnes nouvelles, de terribles nouvelles, d'informations compréhensibles, de retournements de situation, de rencontres magiques, de médecins balourds, d'assistantes gaffeuses, de traitements, de règles qui font pleurer, de nuits effondrée dans les bras de mon homme... après tout ça, c'est terminé. J'ai fait le deuil, autant que faire se peut, de mes ovules. Je ne veux pas écrire "de ma fertilité", encore moins "de la maternité", seulement de mes ovules.

Tout ça, donc, c'est terminé. Je suis en insuffisance ovarienne précoce à 32 ans, il n'y a qu'une solution actuellement: le don d'ovocyte. 

La décision n'a pas été facile à prendre, mais on s'habitue à tout. Et il faut faire le choix de la vie, le choix du bonheur, alors oui, elle est prise et j'espère seulement que maintenant le corps suivra et que je ne vais pas au devant d'une nouvelle année de galère.

J'ai décidé de faire part de notre expérience car pendant cette année où j'ai lentement cheminé vers cette solution, j'étais en quête de témoignages et je dois avouer que je suis restée sur ma faim. Je le suis toujours d'ailleurs. J'ouvre cette page aujourd'hui avec l'espoir qu'elle deviendra un lieu d'échange respectueux et qu'elle pourra aider celles qui pourraient se trouver dans ma situation. J'espère aussi, plus égoïstement, réfléchir calmement sur ce qui m'arrive et échanger sans toujours solliciter mes proches qui doivent parfois penser que je tourne un peu en rond!

Prochaines étapes donc: demain matin à 7h00, avant d'aller au boulot, prise de sang pour les analyses utiles à la clinique.

Mais surtout: le premier rendez-vous à la clinique le 26 octobre.