lundi 24 décembre 2012

TEC

La clinique a appelé: nous avons fixé le transfert d'embryons congelés pour le 12 février. Heureusement cette fois ça tombe sur mes vacances et je n'aurai pas à me justifier au boulot. C'est déjà ça.

Donc d'ici là: 
  • pilule (ma tête comprend mais mon coeur dit non, enfin, je fais ce qu'on me dit) sans pause jusqu'au 14 janvier
  • decapeptyl (mes fesses l'adorent) le 10 janvier
  • vivelledot (mes fesses, mes bras, mon ventre et mes hanches l'adorent) dès le 20 janvier
  • utrogestan (tout mon corps le réclame) dès le 10 février
  • acide folique (depuis bien bien longtemps) tous les matins

et à part ça, je vais essayer aussi d'aller chez l'esthéticienne pour ne pas me payer à nouveau la honte le jour du transfert, de perdre quelques kilos et de retourner me faire hypnotiser. Peut-être aussi retournerai-je chez l'acupunctrice et peut-être m'offrirai-je même un délicieux massage. En bref, super motivée à prendre soin de moi! Mais pas trop quand même parce qu'il faut aussi que je pense à autre chose et que je vive le plus normalement possible. 

Nous avons encore trois embryons qui nous attendent à Barcelone. Bien sûr nous ne savons pas combien d'entre eux résisteront à la décongélation mais légalement, en Espagne, on peut en implanter trois. Il faudra en discuter avec le biologiste. Je crois qu'ils n'aiment pas trop en mettre trois, mais je gamberge un peu sur celui qui resterait... 

Bref, ce sera mon premier TEC... J'imagine que c'est tout pareil que le transfert "normal"... Avec un peu de stress en plus puisque nous n'avons plus de "réserve" et parce qu'on a connu encore un échec.  Mais avec un peu de stress en moins  puisque les dates sont connues plus tôt et que nous pouvons mieux organiser notre départ. 

Si cette fois-là ne marche pas non plus, il faudra recommencer un cycle entier... mais je vais essayer de ne pas trop y penser, ni à l'échec ni à la réussite. Juste essayer de vivre à peu près normalement et ne pas être trop insupportable!



mercredi 19 décembre 2012

Je est une autre

Je me sais ménopausée depuis à peine plus d'un an. Et l'avant me semble tellement lointain... Quand je revois des photos de mon mariage - qui a eu lieu à peine quelques semaines avant l'annonce - j'ai l'impression qu'elles datent d'il y a une vie entière. Je regarde ces deux jeunes gens, tellement heureux, rayonnants, confiants et fiers, j'ai l'impression que ces deux personnes ont disparu. C'est un délicieux souvenir, mais cela m'apparaît presque comme un conte, un photo-montage. 

Je ne suis plus la même. Je sais, tout le monde change, est formé par les événements, modifié, grandit, vieillit... mais là tout a été tellement brusque. J'ai l'impression de littéralement être "autre", parfois étrangère à moi-même et à mon nouvel univers.J'ai l'impression que je suis changée et que je ne redeviendrai jamais la fille souriante et pleine de vie dont les photos témoignent.Il y aura, pour toujours je crois, une blessure, une inquiétude latente.

Mais qu'est-ce qui a changé? 
  • j'ai peur: j'ai toujours été plutôt anxieuse, mais maintenant je vis avec une espèce de peur constante, une peur physique, que je ne connaissais pas du tout avant. J'ai toujours été assez sportive et je me suis toujours déplacée à vélo. J'adorais le vélo en milieu urbain, me faufiler entre les voitures, foncer dans les bouts droits, sentir le vent, braver le mauvais temps... Maintenant il y a des moment où je sens la peur, dans mon ventre. 
  • je suis hypocondriaque: quand je vais chez le médecin, même chez le généraliste pour une angine, j'ai peur de ce qu'il pourrait m'annoncer. Chaque petite douleur me fait peur, à la moindre émission médicale je me trouve des symptômes. Chaque jour, j'ai peur de mourir.
  • je suis ronde: j'ai pris huit kilos en une année. C'est énorme, d'autant que je mesure moins d'1m60. Mais le pire, c'est que régulièrement on me félicite pour ma grossesse. J'ai pas vraiment l'air enceinte pourtant, juste plus ronde qu'avant. Mais comme je me suis mariée et que tout le monde sait que nous voulions fonder une famille, tout le monde guette la grossesse post-mariage... j'essaie de me rassurer là. Selon la doctoresse en Espagne, ce ne sont pas les traitements qui m'ont fait grossir. Elle dit que quand on est dans ce processus on est stressé et déçu, donc on mange plus et on grossit. Je ne la crois qu'à moitié parce que dans les notices de mes médicaments la prise de poids est mentionnée parmi les effets secondaires. Enfin, la raison n'est pas vraiment ce qui compte. Le résultat c'est que je suis une grosse dondon maintenant alors qu'avant j'avais l'allure d'une post-ado sportive et dynamique. 
  • je ne fais plus de projets: d'une part il est difficile de prévoir quoi que ce soit avec les transferts, test... qui peuvent avoir lieu n'importe quand, d'autre part je n'ai plus cette impression que l'on peut décider des choses à l'avance
  • je n'ai plus de sous: plus de 5000 euros pour le cycle de FIVDO, 1500 euros pour le TEC, les médicaments, les billets d'avion, l'hôtel... tout ça non remboursé. Les FIV (DO ou pas) ne sont pas remboursées en Suisse.  Bref, je me suis mise à 80% pour prendre soin de moi et avoir plus de temps pour les voyages en Espagne, et bien l'année prochaine je repasse à 100%!
  • je suis lunatique et asociale: parfois j'arrive à être sympa, même avec les femmes enceintes même celle qui fume, qui boit et qui ne se nourrit pas, et d'autres fois je ne peux tout simplement pas les regarder dans les yeux. Alors j'évite, les soirées avec trop de monde, les repas à la cantine, les apéros de fin d'année, les sorties avec qui que ce soit d'autre que mon mari ou ma famille proche.  

Mais, comme il y a toujours quelque chose de bien à trouver:
  • j'aime mon mari: oui, je l'aimais déjà avant, mais je l'aime encore plus. Il a été génial avec moi. D'abord, il m'a gardée alors même que je le suppliais de me quitter, de changer de femme et d'en prendre une fertile. Il a toujours dit oui pour la FIVDO - même quand moi j'étais contre. Il ne lâche pas l'affaire. Jamais. Et il ne pleure pas alors que je suis sûre qu'il a mal, si mal. Il y croit toujours - même au miracle de la couette, qui n'empêche ni la FIV ni l'adoption, rien Plusieurs fois il m'a même je crois sauvé la vie, mais ça je vous le raconterai quand on se connaîtra mieux. Bref, mon mari, il est top. Mais attention il est pris!

jeudi 13 décembre 2012

Vie de merde

J'ai mis un peu de temps à revenir. 

Jeudi dernier j'ai fait mon test de grossesse, un de plus. Et une fois de plus: rien. Zéro virgule zéro. Pas de doute possible au moins. 

J'ai appris ça au boulot, mon portable s'est illuminé et la réponse est apparue. A 17h00 je suis rentrée en pleurant et je crois que j'ai pleuré à peu près 48 heures. La crise. Pourtant je croyais que j'étais restée réaliste, que j'avais compris la statistique et que si cela ne marchait pas la première fois, et bien ça marcherait la deuxième, ou la troisième. Mais ça c'était la théorie. Dans la pratique, j'ai été dévastée. Evidemment que j'y croyais, en fait. Si on n'y croit pas, on n'y va même pas. J'y croyais, je ne le disais pas mais j'y croyais. Je voulais croire que le cauchemar était terminé, que ma vie reprenait son cours, que j'avais à nouveau 32 ans et que je pouvais être maman. 

La suite, c'est le transfert d'embryons congelés. J'ai eu mes règles et j'ai pu commencer la pilule (gloups, on n'est pas à un paradoxe près avec la PMA). On a payé hier pour la décongélation et j'envoie aujourd'hui notre consentement. On est reparti. En lien un petit article plutôt positif sur le TEC.

Je reprends du poil de la bête mais cette expérience du 0,0 m'a fait vraiment peur. Combien de temps vais-je pouvoir tenir? Je lis sur les blogs les témoignages de filles admirables qui tiennent des années et des années, mais je crois que je n'ai pas la solidité psychologique pour tenir aussi fermement. En même temps, je n'ai pas d'autre solution (en Suisse il faut être mariés depuis 5 ans ou avoir tous les deux 35 ans pour se lancer dans le parcours de l'adoption)

Bref, c'est quand le bonheur?