dimanche 17 mars 2013

Trois consultations gynéco plus tard...

Gynéco 1: 

Suite à mon deuxième taux, j'ai vu mon gynéco pour débuter le suivi de grossesse. Il m'a demandé de venir à jeun pour me faire une prise de sang, voir s'il y avait des carences, si j'étais en bonne santé... Donc rien de spécial à dire. Il m'a félicitée et a fixé une première écho le 19 mars pour voir combien d'embryons avaient pris et où ils étaient nichés. 

Gynéco 2: 

Du vendredi au mardi, j'ai commencé à sentir des douleurs dans le bas ventre, qui allaient et venaient. Alors je me suis mise à bien me reposer et j'ai évité de porter des choses. Je me suis même acheté un chariot de mémé au supermarché pour faire rouler mes courses jusqu'à ma voiture plutôt que de les porter. J'ai lu dans le livre de tous mes fantasmes (celui que j'ai enfin pu m'acheter sans me dire que j'étais une psychopathe de la maternité: J'attends un enfant) qu'il était fréquent de ressentir ce genre de douleurs dues au fait que l'utérus doit s'agrandir, et aussi parfois à la constipation liée à la grossesse. Donc je me suis d'abord seulement modérément inquiétée. 

Mais le mercredi la douleur est devenue plus franche et surtout elle était localisée à gauche. A partir de ce moment-là, je ne me suis plus demandé quelle taille mesurait mon utérus, ni à quand remontait mon dernier passage aux toilettes. Non, à partir de ce moment-là, je me suis demandée si je faisais une fausse couche ou une grossesse extra-utérine. Qui a dit que j'étais une parano-hystéro-hypocondriaque? 

J'ai donc appelé mon gynéco et il m'a dit de: 
  • me reposer 
  • prendre des anti-douleurs
  • le rappeler deux jours plus tard
  • descendre à la maternité si je perdais du sang 

Je suis donc rentrée à la maison, je me suis couchée, et j'ai psychoté sur mon canapé jusqu'au moment où mon mari est rentré à la maison (j'avoue, il est rentré deux heures plus tôt parce que je l'ai harcelé par texto toute la journée). 

Quand mon mari est arrivé, je lui ai dit donc que la douleur ne baissait pas, et qu'elle était toujours plus nettement localisée à gauche. J'ai appelé les urgences et ils m'ont dit que je devais passer contrôler. On est donc parti. 

A la maternité j'ai finalement assez peu attendu. On m'a posé pas mal de questions... il faut dire que quand je leur ai dit que j'avais fait une FIV à l'étranger ils ont été assez intrigués. Et quand j'ai dû expliquer à la dame que j'avais été en Espagne parce que j'avais dû avoir recours à un don d'ovocytes j'ai eu droit à un moment d'anthologie: 

- Ah, vous êtes allée en Espagne parce que vous n'avez pas d'ovaires! 
- Non, parce que je suis en insuffisance ovarienne précoce... (comme elle ne comprend pas bien, je précise)... parce que je n'ai pas d'ovocytes. 
- Mais vous n'avez pas d'ovocytes parce qu'on vous a enlevé les ovaires. 
- Non, j'ai des ovaires mais ils ne produisent pas d'ovocytes, ou pas assez, ou pas d'assez bonne qualité pour une FIV avec mes propres ovules. Je suis ménopausée quoi. 
- Depuis combien de temps? 
- On ne le sais pas parce que je prenais la pilule alors j'avais mes règles normalement. 
- Ah... je comprends... excusez-moi mais je pose des questions parce que.... ce n'est pas banal. 
- Je sais, à moi aussi ça m'a fait bizarre, au début. (et maintenant la ménopausée pas banale te dit de fermer ta gueule et de l'ausculter parce qu'elle aimerait bien savoir pourquoi elle a mal au bide, ce même bide qui renferme un, deux, trois ou plus aucun bébé). 

Bref, quand la gentille dame a tout compris. Elle m'a demandé de me déshabiller pour une écho. Elle a cherché un long moment. Et après elle m'a posé la question qui tue: 

- Mais, d'habitude, vos ovaires, on les voit à l'échographie? 
- Ben... oui (et là je panique en me disant que mes ovaires ont disparu en chemin... les aurais-je oublié en Espagne? se sont-ils atrophiés comme de pitoyables petits raisins secs?) 
- Ah mais oui, j'en vois un! 
- (c'est déjà ça). 

Elle a tourné son machin dans tous les sens. En parlant à voix basse à l'étudiante qui assistait à tout ça... Elle me faisait un peu mal. Et puis elle m'a demandé si je voulais voir.

- Euh... oui... enfin, s'il y a quelque chose d'intéressant à voir. 
- Ben oui, regardez... là c'est l'embryon... et là c'est son coeur qui bat

Les larmes me sont montées aux yeux. Je me répétais... "surtout, ne t'emballe pas..." J'ai demandé à mon mari s'il voyait, oui, il voyait. Lui aussi j'ai senti qu'il avait les larmes aux yeux et une boule dans la gorge. Et qu'il se répétait quelque chose dans le genre "surtout, ne t'emballe pas". 

Conclusion: elle a vu l'embryon, son coeur... et aussi deux petites taches à côté qui pourraient être les traces des deux autres embryons qui auraient commencé à s'accrocher puis n'auraient pas tenu. Elle ne savait pas trop et voulait montrer les images à son chef. On a attendu le chef un bon moment (moi en blouse d'hôpital et pieds nus, à me geler) mais il n'a pas pu venir, il était en train de pratiquer une césarienne. Donc elle a vérifié mes analyses (a bien kiffé le BHCG à 58000) m'a donné une ordonnance pour des anti-douleurs plus forts et un arrêt de travail de six jours, et m'a recommandé une nouvelle écho deux jours plus tard. 

Gynéco 1bis:

Deux jours plus tard donc je suis allée faire la nouvelle écho. Le gynéco m'a fait le grand jeu: sur le ventre et endo-vaginale. Lui aussi, il a vu le "bout de chou" (je cite). Par contre il a quant à lui parfaitement écarté la grossesse extra-utérine (ouf). Mais il a aussi vu une tache à côté de la poche (pas deux, comme à la mat)... il ne s'est pas étendu sur la question des deux autres embryons. Il m'a dit en souriant que je pouvais aussi les faire l'un après l'autre, puis il a imprimé une photo du "bout de chou" qui mesure 10,1 mm. Mais il m'a quand même inquiétée parce qu'il: 
  • répétait sans cesse que "le meilleur médicament c'est le repos" (pourquoi un médicament? je suis malade? y'a un problème?) 
  • a confirmé l'arrêt de travail de six jours mais a aussi dit que si mercredi je ne me sentais pas encore prête je pouvais attendre avant de reprendre et qu'il me prolongerait l'arrêt
  • a fixé une nouvelle écho une semaine plus tard (pourquoi si tôt? y'a un problème sérieux?) 
  • m'a demandé 4 fois s'il n'y avait pas eu de saignements... (pourquoi? l'écho montrerait une raison de saigner?) 
  • m'a redit qu'en cas de saignements il fallait tout de suite descendre à la mat sans même prendre le temps de l'appeler avant. 
Je lui ai demandé si c'était fréquent qu'on ait mal au ventre en début de grossesse, il m'a dit que oui, mais qu'il fallait juste me reposer, "lire les mémoires de Napoléon en mille pages et attendre"... Il n'a pas du tout cherché à minimiser genre "c'est normal, les ligaments tirent..." ou "vous somatisez un petit peu"... alors je me demande s'il est juste à l'écoute et très gentil (il faut dire que je le connais bien, c'est un ami de la famille) ou s'il est sérieusement inquiet pour une grossesse qui s'annonce mal... (c'est quoi cette tache à côté de l'embryon?). 

Bref, aux inquiétudes de la FIV succèdent celles de la grossesse. J'ai peur que l'embryon ne tienne pas... sur les trois il n'y en a déjà plus qu'un alors... et il me faut maintenant attendre quatre jours pour la prochaine écho... Il y a un moment où tout cela va s'arrêter? où je vais pouvoir profiter? où je vais oser m'imaginer vraiment enceinte et vraiment maman? Apparemment c'est pas pour tout de suite...  

lundi 4 mars 2013

Je suis ménopausée mais je suis enceinte, il paraît

Bon, alors comme je sais que les fiveuses sont accro aux chiffres et sont de vraies spécialistes es BHCG, je vais commencer par là: 1886 (deux jours après la première prise de sang). En gros, j'espérais que le taux double, il a même un peu dépassé mes attentes. 

Ca, c'était trop bien! J'ai adoré recevoir le message du labo. J'ai adoré entendre le message laissé sur mon portable par l'assistante de mon médecin alors même qu'elle avait demandé à ce que je reçoive le résultat par texto puisqu'elle ne bossait pas à ce moment-là. J'ai adoré réaliser qu'elle aussi en avait eu marre de m'annoncer des résultats de merde à longueur de temps. J'ai adoré envoyer le taux à mon mari. 

Alors, oui, j'ai eu deux tests positifs et la clinique ne m'a pas demandé de faire une troisième prise de sang, j'imagine qu'ils me considèrent enceinte

De mon côté, j'ai mal aux seins (un truc de malade), la viande me dégoûte horriblement (depuis je dirais 10 jours après le transfert), j'ai soif (je bois des litres et ne fais pas deux pas sans ma gourde, du coup je passe ma vie aux toilettes) et le plus incroyable: les gens puent! Et même quand ils sentent "bon", ils puent le parfum. C'est ahurissant: prendre le bus me provoque des hauts le coeur qui, suivant qui s'assied à côté de moi, me pousseraient parfois presque à descendre. Mais bon, j'ai quand même des horaires à respecter et je ne suis pas certaine que les passagers du bus suivant sentiraient meilleur! 

Il y a quelques proches qui sont au courant. Ils me considèrent enceinte. Mais moi, pour vous dire la vérité, je me sens en équilibre sur un fil. J'ai fait un test, oui, et j'en ai fait un deuxième. Ils étaient positifs mais je ne me dis pas que je suis enceinte. Je me dis que j'ai fait deux tests positifs. C'est bien. C'est miraculeux. Ca me donne la chair de poule. 

Mais je ne peux pas traduire ça par "je suis enceinte". Je suis une fille qui a fait un test positif, mais je ne suis pas vraiment enceinte, mais non, pas moi, moi je suis stérile, je suis ménopausée... Quand je dis à mon mari que je ne mange pas de ci ou de ça, parce qu'on doit éviter "quand on est enceinte", j'ai l'impression de jouer à la dînette, je me revois gamine, mon doudou sous la chemise de nuit, me pavanant dans la cuisine de ma grand-mère, lui disant que j'attends un petit bébé. J'ai l'impression de jouer à la fille enceinte, j'aime bien le rôle, je l'endosserais volontiers dans la vraie vie. Mais pour quelques semaines (mois) encore c'est du domaine du rêve. 

En parlant avec une amie qui a eu un enfant, j'ai réalisé que ce sentiment n'était pas totalement un truc de fiveuse. Tout le monde se méfie au début, toutes les filles prennent des gants, restent circonspectes pour s'épargner une chute trop destructrice, si jamais. Mais je crois quand même que la force de ce sentiment, ce doute, cette façon de poser les pieds dans la maternité à la manière du chat, à pas tout légers... c'est un truc de fiveuse. Et même si ça marche, même si un jour je suis enceinte, pour de vrai, avec le ventre et tout et tout, ça va me rester, je crois. 

Malgré tout ça, je peux quand même dire qu'il y a une partie de moi qui s'est calmée. Dire que je suis apaisée serait excessif, totalement, mais je suis un tout petit peu moins dans la course, j'attends, je laisse venir. Je vois ce moment comme une pause dans notre parcours. Et si la pause pouvait durer... Aïe, j'ose pas! C'est juste hallucinant de ne pas avoir le portable toujours en main dans l'attente d'un appel de la clinique, de n'avoir qu'à attendre. Un truc de fou après une année et demie d'hystérie. J'attends le rendez-vous chez le gynéco avec une impatience mêlée d'angoisse. Il reste des tas de questions, j'ai peur que tout s'arrête demain. Et de l'autre côté de la balance une autre question, tellement plus positive: combien sont-ils? 

Bref... des sentiments contradictoires et un post qui part un peu dans tous les sens. Une fille groggy qui ne sait pas trop quoi penser, abasourdie par ses problèmes de riche...