mercredi 11 décembre 2013

Mon fils

Le 21 octobre, mon fils est né. 

J'avais fait le récit de l'accouchement, et puis je me suis emballée. J'ai mis tout plein de détails et bien développé. Et puis finalement je me suis dit que j'étais un peu à côté de la plaque. Alors, version brève: 

A 38 sa on a évalué le poids de mon bébé à 3.9 kg (plus ou moins 10%). Il a été décidé de provoquer l'accouchement parce que vu mon gabarit il semblait peu probable que je puisse accoucher par voie basse, deux semaines plus tard, d'un bébé de quasi 5 kg. En une échographie, mon bébé était passé de "bébé" à "macrosome" (quelle poésie, ces médecins) et il fallait qu'il sorte. La provocation n'a pas marché, il n'est jamais descendu, trop gros (moi trop petite), mal orienté... 37 heures de salle d'accouchement plus tard, on est parti sur une césarienne. 

J'ai un peu pleuré quand on m'a parlé de césarienne: j'étais fatiguée et je craignais pour les prochaines grossesses. Et puis je disais que ce bébé, n'ayant pas pu le concevoir naturellement, j'aurais voulu le mettre au monde naturellement. Maintenant ces réflexions me semblent absurdes, mais sur le moment, avec le manque de sommeil, la douleur, le découragement... je me sentais une fois de plus incapable de faire les choses naturellement et ça me blessait. Maintenant, autant vous dire que je m'en fous royalement! 

Quand ils ont sorti le bébé, ils me l'ont montré quelques secondes par dessus le champ opératoire pour que je voie le sexe. J'ai rien vu. J'ai vu qu'il était "normal" (après toutes ces discussions des médecins qui parlaient de macrosome, je m'attendais presque à un bébé totalement difforme) et qu'il avait des cheveux. Ils l'ont repris de leur côté, ils m'ont ensuite parlé de lui en disant "votre petit garçon", j'ai dit "ah, c'est un garçon" et ils ont rit parce que je ne l'avais pas vu. Ensuite on l'a porté près de mon visage et j'ai pu lui faire des petits bisous. J'ai dit à mon mari "on a réussi". Il m'a dit qu'il m'aimait et puis il est parti avec le bébé ("surtout ne le laisse pas tout seul") et les sages-femmes pour les premiers soins et un peau à peau pendant qu'on me recousait. C'est un peu le désordre dans ma mémoire, je ne sais plus trop quand on me l'a montré, quand je l'ai entendu... des instants très nets mais sans aucune chronologie précise, peut-être que je me trompe en le racontant. 

Ensuite j'étais vraiment dans les choux à cause de l'anesthésie. C'est un peu le côté frustrant: dans les premières heures je n'avais pas la force physique pour le tenir, on le posait dans mes bras mais j'avais très peur qu'il ne glisse et que je ne puisse rien faire. Je m'endormais et me réveillais tout le temps. Je regardais ce bébé, son petit bonnet... jamais mon regard n'a été autant aimanté. 

Et voilà, ça fait un mois et 20 jours que je le couve du regard, que je le caresse, que je me lève pour vérifier qu'il respire encore... et si je pleure ce n'est plus de tristesse, c'est d'une émotion infiniment grande, d'un amour tellement total qu'il me chavire. C'est mon fils.