mercredi 30 avril 2014

6 mois avec lui


J'ai eu beaucoup de chance et après la naissance de mon fils, j'ai pu avoir 6 mois de congé maternité. Un peu payé, un peu pour ma pomme, mais peu importe: 6 mois juste pour nous, pour devenir sa maman, pour le découvrir, le voir grandir, grandir aussi un peu, voyager avec lui, le présenter à tout le monde, le photographier, l'embrasser des milliers de fois, le cajoler, le bercer, le baigner, le contempler, lui chanter des chansons, le nourrir, le couver du regard, vérifier qu'il respire, l'entendre rire aux éclats, etc, etc, je m'emballe. 

Etre sa mère, c'est juste la meilleure chose qui pouvait m'arriver, ça a failli ne pas arriver  et je suis terriblement reconnaissante, merci la donneuse, les médecins, mon mari, les fiveuses qui m'ont soutenue, ma famille, les quelques amis qui étaient au courant, merci la vie. Je ne suis pas complètement débarrassée de mon amertume et de mon légendaire cynisme, mais j'y travaille (enfin, non pas tellement en fait, mais j'y travaillerai un jour)

J'ai repris le travail et je m'attendais à ce que ce soit dur pour moi et facile pour lui. En fait c'est le contraire. J'ai certes passé un dimanche horrible, hyper nerveuse, tendue, agressive et le soir j'ai fondu en larmes en couchant mon petit, me disant que dès le lendemain matin les choses seraient très différentes, mais dès que je suis arrivée au boulot, je me suis sentie à ma place. Bien dans ma classe, bien avec les collègues. Et puis quel confort à midi de pouvoir m'attabler sans avoir cuisiné avant, quel calme, quel plaisir de parler à des adultes sans s'interrompre toutes les trois minutes! Bien sûr j'avais appelé ma mère quatre fois dans la matinée, mais tout allait bien. L'après-midi les choses se sont gâtées: à 15h00 bébé s'est coincé le doigt dans un jouet et n'a cessé de pleurer jusqu'à mon retour à 18h30. Je l'ai retrouvé énervé, fiévreux, mais tout content de me revoir. Depuis, s'il ne pleure pas quand je pars, il refuse de manger avec ma mère et ne lui décroche pas un sourire tant que je ne suis pas là. 

Tout cela me surprend énormément: je suis surprise d'avoir autant de plaisir à travailler à nouveau (définitivement: la vie au foyer ne me réussit pas), et je suis surprise que mon bébé soit aussi attaché, c'est un peu comme si je ne réalisais pas encore à quel point je suis pour lui irremplaçable. Qu'il le soit pour moi, je n'en doutais pas, mais cette réciprocité est une vraie découverte (oui, j'ai inventé l'eau tiède)

Et la suite?! 

Après une consultation de routine chez mon dermato de chez qui je suis sortie en demandant à mon mari de bien vouloir m'appeler Benjamin Button (il m'a mis le moral dans les chaussettes en me parlant de ma peau fragile qui - du fait de ma ménopause - allait vieillir vite... ) j'ai fait le pas et ai pris rendez-vous chez un spécialiste de la ménopause. J'avais un peu les chocottes et je repoussais depuis des mois. On m'avait parlé de traitement hormonal substitutif tant en Espagne qu'en Suisse mais j'avais peur et surtout j'avais fait comme une overdose de médocs, de médecins, d'hôpitaux... (je sais que vous voyez). Bref, j'ai appelé, pris rendez-vous... (je vous raconte la secrétaire? "vous êtes ménopausée?" "oui" "mais attendez, vu votre date de naissance, je vais mettre troubles du cycle, parce que bon, c'est un peu tôt" sans blague, connasse, moi aussi je trouve) suis allée au rendez-vous avec une copine parce que j'avais peur et que mon mari ne pouvait pas ce jour-là... et là: LE CHOC! Le plus chou, gentil, compréhensif, patient, respectueux gynéco du monde de tout mon parcours. C'est aussi le plus jeune, quand je l'ai vu dans la salle d'attente, je me suis dit que j'étais encore tombée sur un incompétent et en fait c'est l'homme le gynéco de ma vie, (enfin, je crois, notre histoire ne fait que commencer). Je résume beaucoup: en gros il me conseille la substitution hormonale, mais on en reparlera la prochaine fois parce qu'entre temps il m'a prescrit quelques examens. Je vous raconterai, en attendant, je vais essayer de lui trouver un petit nom. 

La suite c'est aussi... une autre fivdo. Avec mon mari nous en parlions déjà avant même la sortie de la maternité: on est un peu pressés, c'est vrai, il faut dire que:
  • on a eu beaucoup de chance pour la première fivdo qui a marché vite, mais pourra-t-on en dire autant de la seconde? 
  • on aimerait une grande grande famille et on n'a plus 20 ans 
  • on fait la course avec beau-frère et belle-soeur qui en sont à 5 enfants (je rigole, je sais bien que sur le plan de la fertilité ils sont hors norme, ils se reproduisent en se regardant, apparemment) 
  • faut qu'on fasse le deuxième avant de divorcer (je rigole toujours, même si je ris un peu jaune, j'avoue, c'est parfois un peu tendu, mais je vous raconterai peut-être une autre fois)
  • je me donne dix ans de cette vie-là, après je grade au boulot et je fais fortune dans l'enseignement , je sors un peu de ma classe et j'obtiens un vrai bureau dans mon établissement (ou alors je deviens prof de yoga)
  • j'ai adoré être enceinte et je voudrais l'être encore et encore (comme ma belle-soeur, quoi) 
Nous n'avons plus d'embryons en Espagne. J'ai donc contacté la clinique pour leur demander si par hasard il y aurait moyen de refaire une fiv avec la même donneuse. Après un temps infini ils m'ont répondu et ça semble possible. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai demandé. D'une part je trouve mon bébé parfait (il parait que c'est normal) et j'ai l'impression que si j'avais la chance de connaître une nouvelle grossesse, j'aurais moins d'inquiétude que la première fois concernant son apparence et sa santé. Et puis je me dis que si les enfants sont proches génétiquement, cela pourrait, médicalement, présenter des avantages (l'un pourrait être donneur de l'autre - je sais, c'est une obsession). Mon mari ne comprend pas ma démarche et je ne sais pas s'il va vouloir que l'on aille dans ce sens. Quant à moi, comme d'habitude, je retourne le truc dans tous les sens, envisage tous les scénarios et nage dans le doute (qui a dit que j'étais une chieuse?)

J'ai envie de proposer à mon gynéco la mise en place d'un groupe de parole pour les personnes en AMP, je trouve qu'on est très seul sur ce chemin (sauf sur le net, paradoxalement), spécialement en Suisse où ce n'est pas remboursé et où la FIVDO n'est même pas autorisée. Mais bon, j'attends de le connaître mieux (mais je précise que nous avons des amis communs sur FB, c'est pas un signe ça?!). Je ne sais pas si quelqu'un a une expérience de ce genre... si oui je veux bien que vous m'en disiez plus.